➣ L'addiction est une incapacité à contrôler sa consommation en ayant conscience des effets néfastes (trouble du comportement).
➣ La dépendance est un phénomène physiologique qui conduit à consommer à nouveau pour ne pas subir les effets désagréables du manque (trouble physiologique).
L'addiction, ou dépendance , ou assuétude, est un comportement personnel
qui repose sur une envie répétée et irrépressible de faire ou de consommer quelque chose en dépit de la motivation et des efforts du sujet pour s'y soustraire.
Les conduites addictives
Elles sont déterminées par un ensemble de causes. Celles-ci ont à voir avec les facteurs de vulnérabilité ou de protection de chacun, les facteurs environnementaux et enfin, les facteurs liés aux produits consommés.
Pour citer un psychiatre français, l’addiction résulte avant tout de « la rencontre entre un produit (ou un comportement) et un individu dans un moment socioculturel donné ».
Dans cette triade, la notion de maladie n’avait pas vraiment sa place selon moi. Après tout, personne ne fait le choix de tomber malade. La maladie s’impose. On «l’attrape» sans l’avoir voulue. Un virus pénètre dans notre corps et notre organisme se détraque. Ou bien nos gènes sont responsables, ou encore «c’est la faute à pas de chance».
En revanche, c’est toujours un sujet conscient qui prend l’initiative de consommer une substance ou de jouer. S’il en résulte une addiction, celle-ci est toujours la conséquence de sa décision, quand bien même la dépendance lui ôte désormais toute capacité de choix.
La science de l’addiction
Aujourd’hui, la recherche a montré que l’incapacité d’une personne addicte à s’abstenir de consommer de l’alcool ou d’autres drogues – ou à jouer à des jeux de hasard – est avant tout liée à un dysfonctionnement du cortex préfrontal. Il s’agit de la partie de notre cerveau chargée de ce que les scientifiques appellent les fonctions exécutives, c’est-à-dire les fonctions associées avec tout ce qui fait de nous des êtres humains. Gérer le temps et l’espace, évaluer notre environnement, différer une récompense, ou encore exprimer notre personnalité.
Chez les personnes aux prises avec ces problèmes, la difficulté est liée à la réponse du cerveau, privé de son comportement ou de sa drogue favorite, face au stress. Cette réponse se traduit le plus souvent par des émotions foncièrement négatives, voire un sentiment de désarroi le plus absolu.
Présentation générale
- l’impossibilité répétée de contrôler un comportement visant à produire du plaisir ou à écarter une sensation de malaise interne.
- la poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives
On parle d’addiction :
- lorsque le besoin l'emporte sur le désir
- lorsque la sensation remplace l’émotion et la relation
- lorsqu’un produit ou un comportement envahit le champ des plaisirs
possibles et devient prioritaire et impérieux pour obtenir du plaisir ou apaiser une
tension
- lorsque la passion l’emporte sur la raison
Démarrez la vidéo ci-dessous
Étymologiquement, même si le mot «addiction» se réfère à un état d’esclavage, telle n’est évidemment pas la visée originelle du sujet qui est l’esclave de son objet,– que cet objet soit le tabac, l’alcool, la nourriture, les opiacés, le jeu, l’internet ou le sexe.
Au contraire, l’objet d’addiction est investi de qualités bénéfiques (compensatoires), voire de l’amour.
Objet de plaisir à saisir à tout moment pour atténuer des états affectifs ou émotionnels autrement vécus comme insupportables et douloureux, et conduisant à la dépression sans cet objet.
En tant que tel, cet objet est perçu, du moins dans un premier temps, comme bénéfique à l’extrême, comme ce qui donne sens à la vie. La souffrance ressentie est alors annihilée par l'addiction.
Quelles sont les causes de la maladie mentale
Longtemps laissée pour compte en raison des multiples tabous qui l’affligent, la maladie mentale est de plus en plus courante dans notre société. En effet, une personne sur cinq (20%) est affligée par une forme de maladie mentale. Les plus courantes sont la schizophrénie, le trouble bipolaire, la dépression sévère, le trouble de personnalité limite et le trouble obsessionnel-compulsif.
Quoique leur importance soit encore méconnue, on parle de plus en plus de ces maladies. Socialement, elles entraînent des pertes financières importantes. Elles touchent les personnes dans une période de leur vie où elles sont les plus actives et ce, sans discrimination quant à l’âge, au sexe et au contexte socio-économique. Il faut également souligner les nombreuses répercussions et perturbations que subissent les relations avec la famille, les amis et les collègues de travail.
Les causes
Il y a à peine quelques décennies, les familles étaient mises au banc des accusés pour expliquer la maladie mentale de leur proche. Heureusement, la science a évolué et les spécialistes admettent maintenant que les maladies mentales sont d’origine biologique, psychologique et sociale.
En termes simples, les maladies mentales sont liées à des dérèglements dans la chimie du cerveau et de la pensée qui peuvent être déclenchés par des événements et des difficultés de la vie. Sur le plan génétique, on n’hérite pas d’une maladie mentale, mais uniquement de la tendance à la développer.
Plusieurs facteurs peuvent avoir un effet sur le développement de la maladie. À titre d’exemple, au niveau biologique, on peut penser à des dommages prénataux, des traumatismes physiques, des infections et des déséquilibres chimiques dans le cerveau. Pour ce qui est des facteurs psychologiques et sociaux, des éléments tels que l’absence de soutien social, les mauvais traitements durant l’enfance, la violence familiale, le chômage et les changements importants au cours de la vie peuvent influencer le déclenchement de la maladie.
Les traitements
La diversité des situations explique la diversité des traitements. Règle générale, les méthodes professionnelles incluent la médication, la psychothérapie, ou une combinaison des deux. Dans la pratique, il est observé que la plupart des personnes se remettent mieux lorsqu’elles bénéficient de la combinaison pharmacologique et psychologique. Par ailleurs, plus vite elles sont traitées, plus vite elles se rétablissent.
Au-delà du traitement de base, il ne faut pas négliger l’importance des services communautaires qui soutiennent la personne dans les différentes sphères de sa vie, tels l’hébergement, l’aide à l’emploi, le soutien au revenu et les loisirs et ce, sans oublier le soutien à la famille.
La personne atteinte d’une maladie mentale et les membres de son entourage doivent s’entourer de facteurs de protection qui leur permettront de développer leur résilience, c’est-à-dire leur capacité à surmonter les difficultés ou les épreuves de la vie. Pour ce faire, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide.
Addictions - Du plaisir à la dépendance
Les addictions sont des pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences délétères. Les chercheurs tentent de mieux décrire les mécanismes impliqués dans l’apparition, le maintien et les rechutes des addictions. Ils essaient aussi d’en identifier les facteurs de vulnérabilité individuels, sociétaux et environnementaux, pour permettre une meilleure prévention et prise en charge.
Plusieurs millions de personnes concernées en France
Le tabac est la substance la plus addictive
Plus une consommation est précoce, plus le risque d'addiction augmente
Comprendre les addictions
L’addiction est une pathologie qui repose sur la consommation répétée d’un produit (tabac, alcool, drogues…) ou la pratique anormalement excessive d’un comportement (jeux, temps sur les réseaux sociaux…) qui conduit à :
- une perte de contrôle du niveau de consommation/pratique
- une modification de l’équilibre émotionnel
- des troubles d’ordre médical
- des perturbations de la vie personnelle, professionnelle et sociale
Une diversité d’addictions, dont certaines sont très répandues
Les addictions les plus fréquentes sont celles relatives aux substances psychoactives réglementées (tabac, alcool...), détournées de leur usage (médicaments, poppers, colles, solvants…) ou illicites (cannabis, cocaïne, ecstasy...). Régulièrement, d’autres substances à potentiel addictif émergent, comme le protoxyde d’azote contenu dans les cartouches de siphons à chantilly ou de nouveaux produits de synthèse (MDMA, cathinones...).
Toutes provoquent un effet immédiat sur les perceptions, l’humeur et le comportement, à un degré variable, et exposent à un risque de dépendance plus ou moins rapide et plus ou moins sévère.
Prises globalement, ces addictions concernent plusieurs millions de personnes en France. Ainsi, selon l’Office français des dépendances et toxicomanies (OFDT), 8% de la population adulte présenterait un risque chronique d’addiction à l’alcool et un quart (27%) une addiction au tabac. L’usage problématique ou la dépendance au cannabis concernerait 7% des adolescents de 17 ans et 3% des 18–64 ans.
Par ailleurs, l’usage régulier de cocaïne, freebase ou crack concernerait 1,6% des adultes français. Les usagers problématiques de drogues, toutes substances illicites confondues, seraient 350 000 en France, parmi lesquels environ un tiers rapporte avoir pratiqué une injection intraveineuse au cours de l’année écoulée.
Concernant les addictions liées à des pratiques, comme les jeux d’argent, les jeux vidéo, le sexe, les réseaux sociaux ou encore les achats compulsifs, les statistiques sont moins nombreuses nécessitent d’être mieux connues. On sait cependant qu’environ une personne sur dix qui participent à des jeux de hasard ou d’argent en ligne a une pratique à risque modéré ou est un joueur excessif. Pour les autres pratiques à risque, les chiffres sont plus disparates.
De la consommation à l’addiction : des facteurs de risque multiples
La survenue d’une addiction repose sur trois composantes : l’individu, le produit et l’environnement.
Des facteurs individuels
L’âge, le sexe, la maturité cérébrale, la personnalité et l’humeur d’un individu jouent un rôle important sur son risque individuel d’addiction. L’initiation précoce et le sexe masculin constituent des vulnérabilités spécifiques. Ainsi, commencer à consommer de l’alcool au début de l’adolescence multiplie par dix le risque de devenir alcoolo-dépendant à l’âge adulte, par rapport à une initiation plus tardive vers l’âge de 20 ans. Les personnes anxieuses, au caractère introverti, ou encore avec une tendance dépressive, ont un risque accru de dépendance, tout comme celles avides de sensations fortes.
Sur le plan neurobiologique, le niveau d’activité des neurotransmetteurs qui régissent notre fonctionnement et notre comportement peut varier d’un individu à l’autre et constituer chez certains une vulnérabilité vis-à-vis du risque d’addiction. Des perturbations des systèmes dopaminergique (impliqué dans le circuit de la récompense), cannabinoïde (homéostasie cellulaire) ou sérotoninergique (humeur), notamment, sont associées à une telle vulnérabilité. Cette disparité neurobiologique repose principalement sur des facteurs génétiques. Les gènes influençant le métabolisme des drogues (et donc leur disponibilité dans l’organisme) et ceux intervenant dans le mécanisme de neurotransmission du circuit de la récompense seraient par exemple impliqués. Ainsi le gène du récepteur à la dopamine constituerait un facteur de risque d’addiction, via la «recherche d’expériences» au sens large et des comportements impulsifs ou compulsifs.
Des variations génétiques expliquent aussi en partie la variabilité des effets ressentis par chacun face à une même drogue. Elles peuvent être favorables à l’émergence d’une addiction. Des consommations associées à des sensations agréables et des effets positifs sur le fonctionnement psychique (désinhibition, oubli des problèmes, amélioration des performances…) sont en effet une incitation à renouveler l’expérience. Il en est de même en cas de tolérance spontanée élevée à une substance, avec des effets positifs et modérés.
Des produits/pratiques au potentiel addictif variable
Du côté du produit, l’addiction peut s’installer plus ou moins rapidement : après une ou quelques prises (crack, cocaïne...), plus progressivement, voire très lentement (alcool, jeux…). Tout dépend du potentiel addictif de la substance ou de la pratique, qui dépend lui-même de la nature et de l’intensité de son interaction avec les neurotransmetteurs. Le tabac, puis l’héroïne, la cocaïne ou l’alcool sont ainsi les produits les plus à risque et dont la consommation problématique est la plus fréquente. Concernant les jeux vidéo, ceux «en réseau», notamment en mode multi-joueurs, sont réputés plus addictogènes que les autres.
Des facteurs environnementaux
Enfin, l’influence de l’environnement (stress, contexte social et amical, présence de troubles psychiques…) est aussi déterminante. Par exemple, le principal facteur de risque de dépendance au tabac est d’avoir grandi au sein d’un foyer de fumeurs facilitant l’accès au tabac. De même que l’addiction au cannabis est fortement associée au fait d’avoir eu des amis fumeurs au moment de l’adolescence.
L’addiction, sous la dépendance des liens bidirectionnels entre comportement et neurobiologie.
L’installation d’une addiction implique trois stades successifs :
- La recherche de plaisir
Le premier stade résulte de l’activation du circuit cérébral de la récompense par la substance consommée (ou la pratique réalisée). Ce circuit est sous la dépendance de la dopamine, dans le noyau accumbens. La répétition de cette consommation va conditionner la personne, et des décharges de dopamine vont progressivement être libérées par anticipation, prédisant l’arrivée de la récompense. Ainsi, la reproduction de la situation (environnement ou état mental) associée à la consommation ou à la pratique va favoriser une nouvelle consommation. C’est la phase de recherche de plaisir. D’autres systèmes de neurotransmission sont modifiés en parallèle, comme ceux mettant en jeu de la sérotonine ou les récepteurs aux endorphines. Ces derniers deviennent moins sensibles aux molécules endogènes habituellement impliquées dans l’antalgie et la sensation de bien-être, et la production naturelle d’endorphines diminue. Dès lors, le plaisir n’est plus obtenu que par l’apport de la substance extérieure, ce qui induit une augmentation de la tolérance à cette substance et une sensation de manque dès l’arrêt de sa consommation.
Le second stade est celui où le taux de dopamine libéré à chaque consommation diminue progressivement, rendant le circuit de la récompense beaucoup moins sensible à toutes les molécules qui le stimulent habituellement. Par ailleurs, les décharges répétées de dopamine conduisent à une modification du fonctionnement de l’amygdale cérébrale, rendant l’individu plus stressé, avec des émotions plus négatives (dysphorie). Aussi, ce qui apportaient du plaisir au quotidien devient moins motivants et seule un accroissement de la dose de substance consommée (ou du temps de pratique) peut à la fois satisfaire le circuit de la récompense et soulager de la dysphorie. A ce stade, la consommation ou la pratique excessive vise donc à sortir d’un état émotionnel négatif, et non plus à prendre du plaisir. Cette phase est en outre associée à une perte progressive de la plasticité cérébrale, c’est-à-dire la capacité des neurones à se réorganiser entre eux pour intégrer de nouvelles données.
La perte de contrôle
Durant le troisième stade, l’altération des circuits de la récompense et des émotions est telle que des processus contrôlés par le cortex préfrontal sont modifiés : il s’agit notamment des capacités d’autorégulation, de la prise de décision ou de la capacité à résister aux envies de consommer. Ce stade de perte de contrôle (ou craving) explique les rechutes répétées, même lorsque le désir d’arrêter est sincère.
L’observation par imagerie (IRM ou PET-Scan) du cerveau de personnes dépendantes montre notamment une diminution des flux sanguins, une hypoactivation des régions corticales frontales et une hyperactivation des régions impliquées dans la motivation, la mémoire, le conditionnement et les émotions. Mais il n’est pas clairement établi si cette dérégulation fonctionnelle est une prédisposition qui précède le développement de l’addiction, ou si elle résulte simplement de la consommation chronique de drogue. Des études menées auprès de personnes dépendantes de pratiques montrent que les phénomènes cérébraux impliqués sont similaires à ceux observés chez les individus dépendants de substances psychoactives. Ce type d’analyse reste néanmoins compliquées par le fait que les personnes qui ont une addiction consomment souvent plusieurs substances, ce qui rend l’interprétation des modifications observées délicates.
Le cycle infernal des jeux de hasard et d’argent
Les joueurs pathologiques sont en grande majorité des hommes, quadragénaires, souvent pères de famille. Ils pratiquent des jeux de hasard pur (roulette, machines à sous) ou de jeux mêlant hasard et stratégie (paris sportifs, poker, black jack). Le point de départ de leur pathologie est toujours un gain initial qui génère une émotion très positive et les incite à rejouer pour revivre ce moment «magique». Puis le jeu et le gain s’imposent vite comme une manière de se sentir bien. Mais les pertes successives incitent le joueur à retenter inlassablement sa chance dans l’espoir de «se refaire», en augmentant les mises à mesure que les pertes s’accroissent. Les raisonnements deviennent erronés et vont à l’encontre des lois de probabilité que les joueurs connaissent pourtant généralement bien. Il s’écoule généralement plusieurs années entre le début du jeu et le moment où l’addiction est constituée.
Des conséquences multiples, médicales, personnelles et sociales
L’installation d’une addiction engendre de multiples conséquences qui s’installent dans un délai plus ou moins court et dont l’issue peut être sévère, voire tragique.
Des risques immédiats liées à la substance/pratique
Conduire sous influence d'une substance psychoactive augmente le risque d'accident mortel : x 8,5 ; avec l'alcool x 15 ; avec alcool et cannabis
Les premières conséquences sont spécifiques de l’addiction et sont immédiates. Euphorie, perte de contrôle, diminution du stress, désinhibition : elles varient selon la nature de la substance ou de la pratique. Un risque vital immédiat lié à l’usage excessif existe dans certains cas (overdose, coma éthylique).
Dans un second temps, s’installent les symptômes liés à l’exposition chronique et répétée, associés aux phénomènes de tolérance et de sevrage.
Des conséquences sur la vie quotidienne
Les secondes conséquences sont d’ordre comportemental : la consommation ou la pratique envahit progressivement la vie quotidienne de la personne dépendante et peut avoir des répercussions délétères sur sa vie familiale, relationnelle et professionnelle. Elles engendrent un risque progressif accru d’isolement, de marginalisation, de stigmatisation, de perte d’emploi ou de déscolarisation…
Des complications à longs termes
Les addictions ont des répercussions médicales, psychologiques et psychiatriques sur le long terme. Une consommation chronique a en effet des conséquences médicales propres, en parallèle du processus addictif. Une modification du caractère (impulsivité, troubles de la mémoire, de l’attention…) et des troubles de l’humeur (notamment une anxiété) s’instaurent progressivement. Des complications sont spécifiquement associées à certaines addictions : risque cardiovasculaire ou de cancer avec le tabac, risque cognitif ou tumoral avec l’alcool, troubles neurologiques et psychiatriques chez consommateurs réguliers de nombreuses drogues illicites, contamination par le VIH, VHB ou VHC chez les usagers de drogues injectables…
Maladies mentales : des pathologies comme les autres
Des maladies omniprésentes
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, parmi les dix pathologies majeures du XXIe siècle se trouvent cinq troubles mentaux : la dépression, la schizophrénie, les troubles bipolaires, les addictions et le trouble obsessionnel-compulsif. Une preuve que les maladies mentales doivent être considérées avec une attention toute particulière.
Des classifications aujourd’hui bien établies
Depuis les années 1980, il existe des systèmes de classification reconnus internationalement, à l’instar de la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l'Association américaine de psychiatrie. Ils permettent de caractériser une pathologie mentale sur la base d’un ensemble de symptômes parfaitement identifiables. Le diagnostic, l’évaluation et la prise en charge des troubles mentaux répondent ainsi à des procédures cliniques précises.
On peut distinguer différentes catégories de pathologies, parmi lesquelles :
les troubles de l’humeur comme les dépressions ou les troubles bipolaires
les troubles anxieux comme le trouble panique, le trouble anxiété généralisée, le trouble anxiété sociale, les phobies, les troubles liés aux traumatismes et au stress, le trouble obsessionnel-compulsif ;
les troubles psychotiques comme la schizophrénie.
Quelques caractéristiques communes
Toutes ces maladies peuvent survenir à des âges différents, de façon aiguë ou progressive et emprunter une évolution récidivante, voire chronique. Elles ont pour caractéristiques communes le fait que les patients présentent des comportements anormaux et des rapports altérés avec autrui, une souffrance morale et des dimensions symptomatiques qu’elles peuvent partager entre elles, telles que la perte de la capacité à ressentir du plaisir ou d’autres émotions positives, une baisse de la motivation, un manque d’entrain et un ralentissement psychomoteur.
Une origine longtemps discutée
Pendant des décennies, médecins et chercheurs ont débattu sur l’origine génétique ou environnementale des maladies mentales. La multiplication d’études scientifiques permet aujourd’hui d’affirmer que, dans la très grande majorité des cas, les causes sont multiples, impliquant à la fois des facteurs biologiques, environnementaux, génétiques, psychologiques et sociaux.
C’est la rencontre entre une vulnérabilité individuelle, génétique, et des facteurs de risques environnementaux qui conduit au développement d’une maladie mentale.
De l’influence de l’environnement sur leur survenue
Aujourd’hui, de nombreuses recherches s’intéressent aux facteurs de risque de développer une maladie mentale, parmi lesquels l’environnement joue un rôle important : stress, événements de vie, alimentation, inactivité physique, exposition à des substances psychoactives… ces facteurs environnementaux sont nombreux et divers.
Certains facteurs sont modifiables
Parmi les facteurs environnementaux sur lesquels il est possible d’agir à l’échelle individuelle, on trouve principalement :
- Le sommeil, dont la qualité peut ainsi affecter la santé mentale. Des études ont révélé qu’un sommeil insuffisant et/ou de mauvaise qualité peut affecter de multiples parties du cerveau, notamment le cortex préfrontal, en charge du raisonnement et de la prise de décision, et l’amygdale, impliquée dans la régulation de l’humeur et du stress.
- L’activité physique, pratiquée de manière modérée et régulière, permet de réduire le stress et l’anxiété notamment en favorisant la formation de nouveaux neurones dans l’hippocampe, une structure cérébrale impliquée dans la régulation des émotions.
Conséquence : elle permet de diminuer le risque de dépression et de stress post-traumatique notamment.
- L’alimentation, dont on sait qu'elle a un impact sur le fonctionnement de notre immunité et sur la survenue d’une inflammation chronique, peut, elle aussi, favoriser ou, au contraire, diminuer le risque de survenue de dépression.
- L’exposition à des substances psychoactives telles que l’alcool, le cannabis ou même le tabac, tout particulièrement lorsque les personnes présentent un usage chronique ou addictif, peut aussi augmenter la survenue de certaines maladies mentales.
Ces facteurs peuvent d’ailleurs être également impliqués dans de nombreuses autres pathologies comme les cancers ou les maladies cardiovasculaires.
D’autres sont plus difficiles à changer
Il existe d’autres facteurs environnementaux sur lesquels il est plus difficile d’agir. Il est quand même essentiel de mieux les comprendre.
Pour exemple, dès la vie in utero et durant la petite enfance, le stress peut créer des vulnérabilités. Le cortisol, l’hormone du stress libérée par la mère ou par le jeune enfant, va affecter le développement du cerveau, ce qui laisse des traces dans son fonctionnement. Des personnes exposées à des événements précoces stressants (défauts de soin, séparation des parents, abus sexuels…) sont ainsi plus à risque de développer une dépression, une addiction ou un stress post-traumatique à l’âge adulte.
Des infections maternelles durant la grossesse pourraient également être impliquées dans l’émergence de certains troubles comme la schizophrénie.
Naître et vivre dans un environnement urbain a aussi été incriminé dans l’apparition de pathologies mentales.
Mais il ne faut pas oublier que le cerveau est très malléable, et qu’il peut aussi subir l’influence positive de facteurs de protection comme l’environnement social, l’activité physique ou le niveau éducatif.
Comprendre les addictions
L’addiction est une pathologie qui repose sur la consommation répétée d’un produit (tabac, alcool, drogues…) ou la pratique anormalement excessive d’un comportement (jeux, temps sur les réseaux sociaux…) qui conduit à :
- une perte de contrôle du niveau de consommation/pratique
- une modification de l’équilibre émotionnel
- des troubles d’ordre médical
- des perturbations de la vie personnelle, professionnelle et sociale
L’âge, le sexe, la maturité cérébrale, la personnalité et l’humeur d’un individu jouent un rôle important sur son risque individuel d’addiction.
L’initiation précoce et le sexe masculin constituent des vulnérabilités spécifiques. Ainsi, commencer à consommer de l’alcool au début de l’adolescence multiplie par dix le risque de devenir alcoolo-dépendant à l’âge adulte, par rapport à une initiation plus tardive vers l’âge de 20 ans. Les personnes anxieuses, au caractère introverti, ou encore avec une tendance dépressive, ont un risque accru de dépendance, tout comme celles avides de sensations fortes.
Sur le plan neurobiologique, le niveau d’activité des neurotransmetteurs qui régissent notre fonctionnement et notre comportement peut varier d’un individu à l’autre et constituer chez certains une vulnérabilité vis-à-vis du risque d’addiction. Des perturbations des systèmes dopaminergique (impliqué dans le circuit de la récompense), cannabinoïde (homéostasie cellulaire) ou sérotoninergique (humeur), notamment, sont associées à une telle vulnérabilité. Cette disparité neurobiologique repose principalement sur des facteurs génétiques. Les gènes influençant le métabolisme des drogues (et donc leur disponibilité dans l’organisme) du circuit de la récompense seraient par exemple impliqués de même que la « recherche d’expériences » au sens large et des comportements impulsifs ou compulsifs.
Des variations génétiques expliquent aussi en partie la variabilité des effets ressentis par chacun face à une même drogue. Elles peuvent être favorables à l’émergence d’une addiction. Des consommations associées à des sensations agréables et des effets positifs sur le fonctionnement psychique (désinhibition, oubli des problèmes, amélioration des performances…) sont en effet une incitation à renouveler l’expérience. Il en est de même en cas de tolérance spontanée élevée à une substance, avec des effets positifs et modérés.
Des produits/pratiques au potentiel addictif variable
Du côté du produit, l’addiction peut s’installer plus ou moins rapidement : après une ou quelques prises (crack, cocaïne...), plus progressivement, voire très lentement (alcool, jeux…). Tout dépend du potentiel addictif de la substance ou de la pratique, qui dépend lui-même de la nature et de l’intensité de son interaction avec les neurotransmetteurs. Le tabac, puis l’héroïne, la cocaïne ou l’alcool sont ainsi les produits les plus à risque et dont la consommation problématique est la plus fréquente. Concernant les jeux vidéo, ceux «en réseau», notamment en mode multi-joueurs, sont réputés plus addictogènes que les autres.
Des facteurs environnementaux
Enfin, l’influence de l’environnement (stress, contexte social et amical, présence de troubles psychiques…) est aussi déterminante. Par exemple, le principal facteur de risque de dépendance au tabac est d’avoir grandi au sein d’un foyer de fumeurs facilitant l’accès au tabac. De même que l’addiction au cannabis est fortement associée au fait d’avoir eu des amis fumeurs au moment de l’adolescence.
Compensation en addictologie
La notion de compensation s’applique à la compréhension des poly-consommations. Les contours mal définis de cette notion compromettant toutefois son utilité clinique, l’objectif est de revisiter ses premières assises pour justifier sa place dans le champ de l’addictologie. Une généalogie historique a été ainsi faite sur une sélection de la littérature, cherchant à retracer les origines du concept dans la neurologie et la psychopathologie du xixe siècle et ses remaniements ultérieurs par la psychanalyse. Les résultats visent le raffinement conceptuel des compensations en addictologie, redéfinissant cette notion en tant que comportement ou processus qui, soutenu par des mécanismes psychiques conscients et inconscients, sert à moduler le manque de jouissance consécutif à la rupture d’avec une pratique addictive. Ce concept permet ainsi l’évaluation de la trajectoire d’un sujet qui s’adonne à plusieurs pratiques addictives, à approcher les complications liées à des sevrages et à estimer finement la question des liens entre addictions et troubles psychiques.
Prévention primaire (à l’échelle de la population)
La prévention primaire est l’ensemble des actes visant à réduire les risques d’apparition de nouveaux cas. Elle vise globalement à améliorer la qualité et les conditions de vie des individus. Elle intervient, par exemple, à l’amélioration des conditions de travail des populations, la lutte contre l’isolement social, le chômage, les addictions, la précarité, les inégalités, l’échec scolaire...etc
Prévention secondaire (à l’échelle de l’individu)
La cible est l’ individu. L’objectif est de limiter les récidives. Cette prévention inclut tous les actes de dépistage, de diagnostic et de prise en charge précoces. Les situations de dépistage et de prise en charge précoce dépendent des différents âges de la vie. Aussi l’orientation conseillée est personnelle au patient.
L’apprentissage de stratégies de gestion de ses souffrances est un élément à prendre en compte pour éviter l’apparition des événements psychiatriques.
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La prise en charge des troubles addictifs
La prise en charge d’une personne ayant des troubles addictifs repose généralement sur l’association d’un traitement médicamenteux, d’un suivi psychologique individuel et collectif et d’un accompagnement social.
L’entretien d’évaluation
S’il est possible d’arrêter seul l’usage d’un produit ou d’un comportement addictif, sans avoir besoin d’aide extérieure, il est important de savoir que la dépendance rend le sevrage souvent difficile. C’est pourquoi avant tout arrêt, il est conseillé de rencontrer un professionnel en addictologie (addictologue, tabacologue, etc.) pour évaluer sa consommation, sa dépendance, ses motivations à arrêter et établir un protocole d’arrêt adapté à son propre cas.
Lors d’un premier entretien, le professionnel en addictologie évalue
la consommation (fréquence et dosage) de substances, les modalités de la consommation ou la fréquence de la pratique d’une addiction comportementale. Il s’informe aussi sur l’âge d’initiation à la consommation ou à la pratique, s’informe sur l’association éventuelle à d’autres substances ou médicaments ;
leurs conséquences ou facteurs de risque personnels, familiaux et sociaux.
La prise en charge d’une addiction est pluridisciplinaire. Elle repose le plus souvent sur l’association d’une prise en charge psychologique individuelle et collective, d’un traitement médicamenteux pour les addictions à certaines substances psychoactives et d’un accompagnement social. Une prise en charge globale est essentielle, l’addiction n’étant jamais un problème isolé dans la vie d’une personne.
La prise en charge psychologique
Une prise en charge psychologique avant, pendant et après la consommation de produits addictifs ou pratique de comportement addictif est nécessaire pour assurer un suivi du patient.
L’entretien motivationnel
La prise en charge peut s’étaler sur plusieurs mois, voire plusieurs années. Son succès dépend alors de la motivation de la personne souhaitant être sevrée. Cette motivation est à travailler avec la personne avant la mise en route du traitement.
Pour accompagner les personnes dans leur changement de comportements (modifier ses consommations d’alcool, de drogues, réduire sa fréquence de jeu, etc.), des entretiens motivationnels individuels sont souvent proposés pour commencer les soins, avant la mise en place d’une thérapie prolongée.
Les adolescents sont souvent adressés au médecin par leurs parents, la justice ; leur motivation n’est pas toujours très grande et doit être travaillée. D’autant qu’il est souvent dans une position de déni des troubles addictifs et de rejet de toute aide venant des adultes. Le professionnel de santé accompagne alors le jeune dans la découverte de l’intérêt d’un arrêt de consommation ou de pratique d’un comportement. Ensemble, ils définissent les étapes à franchir dans une atmosphère de sécurité et de renforcement.
La psychothérapie
La psychothérapie peut être :
- individuelle. Ce peut être une psychothérapie de soutien, de la psychodynamique, de la Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC), etc.
- familiale
- de groupe
Dans le cadre de la prise en charge d’une addiction, la TCC individuelle est souvent proposée car elle est bien adaptée et efficace aussi bien chez l’adulte que chez l’adolescent. Elle repose sur l’analyse des pensées et des comportements, avant, pendant et après l’utilisation d’une substance ou la pratique d’un comportement addictif.
Elle vise à développer chez la personne des compétences, des processus de pensées, des stratégies ou activités alternatives aboutissant à un changement de comportement.
La TCC peut aussi être collective, en particulier lors de la prise en charge d’un adolescent. Cette thérapie inclut alors sa famille. En effet, la prise en charge psychologique de la famille en cas d’addiction d’un adolescent est en général indispensable, l’addiction étant souvent en lien avec un problème affectif et relationnel entre parent(s) et adolescent. La participation de la famille est un élément important de la réussite du traitement.
- Les médicaments pour le sevrage des personnes dépendantes à l’alcool, au tabac et aux opiacés
- Le traitement médicamenteux de sevrage consiste à prendre en charge des consommateurs physiquement dépendants de l’alcool, du tabac et des opiacés. Il vise à limiter le malaise physique et psychique et les symptômes survenant à l’arrêt et liés au manque : le syndrome de sevrage.
Il est important de noter qu’il n’existe pas de médicaments pour aider à l’arrêt d’addiction comportementale telle que celle aux jeux.
Les médicaments de substitution aux opiacés tels que l’héroïne
Le principe du traitement de substitution aux opiacés est d’administrer au consommateur un médicament ayant une activité pharmacologique similaire à celle du produit addictif.
Le médicament de substitution a pour objectif de réduire les risques de rechute. Il permet :
- d’éviter les effets physiques du « manque » lors du sevrage
- de stopper et/ou de diminuer la consommation d’héroïne
- de mettre en place un accompagnement, médical, psychologique et social.
Le suivi médical comporte aussi les soins nécessités par d’éventuelles maladies associées : VIH, hépatite C, etc.
La durée d’un traitement de substitution varie selon les personnes. Certaines suivront un traitement de sevrage de courte durée (une à 2 semaines) tandis que d’autres le suivront sur plusieurs mois.
Les 3 produits de substitution aux opiacés actuellement autorisés sont la méthadone, la buprénorphine (le Subutex et ses génériques) et le suboxone. Ces médicaments ne sont pas sans risque puisqu’ils sont eux-mêmes des opioïdes à risque de dépendance. Leur utilisation est donc strictement encadrée.
Ces traitements sont réservés aux usagers dépendants de substances opiacées telle que l’héroïne et ne doivent pas être prescrits pour une dépendance à d’autres substances.
La substitution au tabac par les nicotiniques
Le traitement de substitution nicotinique vise à diminuer l'envie de fumer et à réduire les symptômes de manque dus au sevrage tabagique. La nicotine contenue dans les cigarettes est remplacée par celle présente dans divers produits de substitution. Elle arrive au cerveau, sans passer par les poumons, et soulage la sensation de manque.
Les études scientifiques ont montré que les substituts nicotiniques sont efficaces pour aider à l’arrêt du tabac ; les chances de réussir sont augmentées de 50 à 70 %.
Le traitement par substituts nicotiniques peut prendre une ou plusieurs formes selon les besoins et les préférences :
- timbres (ou patchs à la nicotine) à appliquer sur la peau
- gommes à mâcher
- inhalateur
- sprays buccaux
- comprimés à sucer ou à faire fondre sous la langue.
Ce traitement facilite la transition jusqu'à l'abstinence totale au tabac. Il est pris en charge par l’Assurance Maladie lorsqu’il a été prescrit par un professionnel de santé habilité (médecins, infirmiers, sages-femmes, masseurs-kinésithérapeutes et chirurgiens-dentistes).
Le sevrage alcoolique
L’arrêt de consommation d’alcool passe par une phase de «sevrage». Son but est de contrôler et de prévenir les symptômes liés au manque d’alcool, mais aussi de débuter une nouvelle vie sans alcool. Arrêter de boire consiste à changer sa manière de vivre et souvent à modifier ses relations aux autres.
Arrêter l’alcool ne se fait ni dans l’urgence, ni sur un coup de tête. Une aide médicamenteuse peut être prescrite pour aider au maintien de l’abstinence.
Après le sevrage, si la personne reste alcoolodépendante, un médicament (disulfirame, acamprosate) qui aide au maintien de l’abstinence peut lui être prescrit. Ce type de médicaments décourage la consommation d'alcool en agissant au niveau du cerveau.
Il existe aussi deux médicaments, le nalméfène et le baclofène, indiqués chez les personnes dépendantes à l'alcool, souhaitant réduire leur consommation d'alcool pour atteindre une consommation contrôlée et non un sevrage complet.
Les cas spécifiques de traitement des dépendances aux barbituriques ou aux benzodiazépines
La dépendance aux barbituriques ou aux benzodiazépines fait l’objet d’un sevrage par diminution progressive des doses. Le médicament ne doit jamais être arrêté d’un coup, car cela entraînerait de graves symptômes de sevrage, et potentiellement des complications.
Ainsi, les doses doivent être réduites progressivement, dans le cadre d’un encadrement médical.
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